Réunion des délinquants de la route anonymes
Ca fait bientôt 2 ans que j’ai le droit de conduire une voiture. Mais je ne sais pas encore pour combien de temps. 1 mois? 6 mois? 1 an? plus? Et oui, quand on commence avec un permis probatoire à 6 points, on risque plus facilement d’arriver à zéro que si on avait commencé à 12 points… , si, si, c’est mathématique, je ne te ferai pas l’affront de t’expliquer.
Heureusement, pour les méchants déliquants de la route que nous sommes, l’Etat a prévu d’organiser régulièrement des séminaires de 2 jours afin de regagner nos précieux points. Contre une modique somme correspondante au ticket d’entrée du séminaire (240€ si mes souvenirs sont bons), tu peux regagner jusqu’à 4 points. Bon, moi, j’y ai été, et je n’ai regagné que 3 points, mais c’est parce que l’Etat m’avait explicitement obligé à payer (on appellerait ça presque du racket, non?). Sinon, c’était les poursuites pénales, la prison, le passage à l’émission “faites entrée l’accusé”, le goulag et la peine de mort. Comme j’avais 3 points au moment du séminaire (officiellement, on appelle ça un stage de sensibilisation routière au fait), et que je ne pouvais pas avoir 7 points, ils m’en ont filé que 3. Les rats.
Bref, en résumé, j’ai échangé 240€ contre 3 points sur mon permis. Et on ne m’a pas laissé le choix. Ca c’est la version courte de l’histoire. Mais comme on est sur un blog intéressant, je vais quand même te révéler les coulisses du séminaires, et oui petites et petits chanceux! Si après ça, ça ne te donne pas envie toi-même de participer au moins une fois dans ta vie à ce type de séminaire, je n’y comprends plus rien.
Le séminaire dure deux jours. Le deal est simple: tu es présent aux deux jours, tu récupères tes points. Sinon… c’est les poursuites pénales, la prison, le passage à l’émission “faites entrée l’accusé”, le goulag et la peine de mort. Les plus malins auront vu la faille du système. Rien ne t’empêche d’être présent physiquement au séminaire mais de faire tout autre chose… Tu veux dormir? Libre à toi ! Tu veux lire ton journal, un bouquin ou que sais-je? Libre à toi! Parmi la population d’une vingtaine de déliquants de la route que nous étions, certains ne se sont ainsi pas privés.
La population justement, parlons-en. D’abord, le séminaire est animé par deux personnes. Une dame de la sécurité routière et une psy. On est malade en même temps, c’est donc tout à fait normal qu’une psy s’attarde sur nos cas, pas vrai? Parmi l’auditorat, une vingtaine de personnes, d’horizon différent. De toute âge. De tout sexe. Seul point commun: à nous 20, on ne devait pas cumuler beaucoup de points sur nos permis respectifs. Moi avec mes 3 points, je pouvais faire le fier. Mon voisin de gauche avait 1 point, celui de droite… 0 point. Niqués! Mwahahaha. Il y avait des chauffeurs de taxi, des livreurs, des étudiants mais aussi un patron, un avocat et même… un ancien préfet responsable des retraits de permis dans sa préfecture. Il y a quand même une justice en ce bas monde. Mais ce n’est pas la cerise sur le gâteau. LA cerise, la suprise du chef du séminaire, c’est… le flic. Je précise: le flic infiltré. Et oui, tu as bien lu. On se croirait dans un polar mais c’est la réalité. C’est la loi. Dans chacune de ces réunions des déliquants de la route anonymes se cache un gentil policier, caché, infiltré, dont le rôle est de surveiller discrètement que tout se déroule dans les règles de l’art et qu’on mérite bien tous de rentrer chez nous après les deux jours. Sinon si un comportement anormal est décelé, j’imagine que c’est les poursuites pénales, la prison, enfin tu sais maintenant. Mine de rien, ça anime le séminaire. Mais qui est le gentil flic caché? Chacun s’épie discrètement, c’est sympathique.
Comme toute réunion de ce type, ça a commencé par un tour de table (qui aura quand même duré deux demi-journées) où chacun explique son histoire et comment il en est arrivé là, si-bas. Les histoires sont diverses. Entre les gens qui ne voient pas les feux rouges, les gens qui étaient légèrement en excès de vitesse, les gens avec un portable à la main 5 fois de suite en 6 mois (mwahahaha, la poisse), les histoires sont variées. Mais à en croire chacun, franchement, c’est pas de bol et ça se fait trop pas, les keufs, tous des vendus, et on m’a sacrifié sur l’autel de la sécurité routière parce que j’avais une sale gueule. Comme le résume si bien un de mes confrères du séminaire: “jy t’y jure, jamais d’accidents de ma vie. Ca s’y fait trop pas!”. Ca tournait un peu au lynchage de l’Etat mais desfois, ça fait du bien de se défouler librement (enfin, presque librement, n’oublions pas le flic infiltré). Après avoir détaillé nos histoires respectifs, hautement enrichissant pour tous, à n’en pas douter, on aura eu le droit à un petit cours (il n’y a pas d’autre mot) sur les dangers et causes d’accidents sur la route : le trio classique vitesse, alcool, drogue. Alors, oui, ce n’est pas bien d’aller vite en voiture. Oui ce n’est pas bien de boire avant de prendre la route. Oui, ce n’est pas bien de se droguer avant de prendre la route. Repeat after me.
Mais je suis médisant, car on aura bien rigolé durant ce séminaire. Il y avait un mec originaire de Turquie qui proposait un truc pas mal pour éviter les retraits de permis dû à des soldes de points nul: on n’a qu’à faire comme en Turquie, on file 100 points par permis. Moi je dis, en voilà une sacré bonne idée! Ou alors un automobiliste remonté contre les motards qui proposaient d’éradiquer les motos. Et encore une idée de génie ! Il y avait aussi un motard qui proposait de virer les cyclistes. Mais sacrebleu, encore une bonne idée! Bizarrement, il n’y avait aucun cycliste pour proposer de dégager les piétons.
Donc, à l’issue de ce brainstorming, nos propositions sont celles décrites ci-dessous:
Nous proposons d’octroyer un minimum de 100 points par permis. Les motos, cyclistes et piétons sont désormais interdits sur les routes. Le piéton qui veut traverser une rue, il n’a qu’à se creuser un tunnel et qu’il nous fasse pas chier. Les limitations de vitesse sont redressées, parce que franchement, 140km/h sur l’autoroute, qu’est-ce qu’on s’ennuie. Nous proposons donc de fixer les seuils à 160 km/h par temps ensoleillé sur l’autoroute. 140 quand il pleut. Comme nous sommes des élèves studieux, nous avons bien compris et assimilé que les principaux accidents se produisaient la nuit et sur les routes de campagne. Nous proposons donc d’instaurer un couvre feu automobile à partir de 20h. Pour les campagnes, nous proposons de les éradiquer. De toute manière, ça ne sert à rien. On a Paris, ça suffit non?
Proposition de loi, signée les délinquants de la route anonyme du séminaire du 06 mars MMIX, Paris XV.
Heureusement, pour les méchants déliquants de la route que nous sommes, l’Etat a prévu d’organiser régulièrement des séminaires de 2 jours afin de regagner nos précieux points. Contre une modique somme correspondante au ticket d’entrée du séminaire (240€ si mes souvenirs sont bons), tu peux regagner jusqu’à 4 points. Bon, moi, j’y ai été, et je n’ai regagné que 3 points, mais c’est parce que l’Etat m’avait explicitement obligé à payer (on appellerait ça presque du racket, non?). Sinon, c’était les poursuites pénales, la prison, le passage à l’émission “faites entrée l’accusé”, le goulag et la peine de mort. Comme j’avais 3 points au moment du séminaire (officiellement, on appelle ça un stage de sensibilisation routière au fait), et que je ne pouvais pas avoir 7 points, ils m’en ont filé que 3. Les rats.
Bref, en résumé, j’ai échangé 240€ contre 3 points sur mon permis. Et on ne m’a pas laissé le choix. Ca c’est la version courte de l’histoire. Mais comme on est sur un blog intéressant, je vais quand même te révéler les coulisses du séminaires, et oui petites et petits chanceux! Si après ça, ça ne te donne pas envie toi-même de participer au moins une fois dans ta vie à ce type de séminaire, je n’y comprends plus rien.
Le séminaire dure deux jours. Le deal est simple: tu es présent aux deux jours, tu récupères tes points. Sinon… c’est les poursuites pénales, la prison, le passage à l’émission “faites entrée l’accusé”, le goulag et la peine de mort. Les plus malins auront vu la faille du système. Rien ne t’empêche d’être présent physiquement au séminaire mais de faire tout autre chose… Tu veux dormir? Libre à toi ! Tu veux lire ton journal, un bouquin ou que sais-je? Libre à toi! Parmi la population d’une vingtaine de déliquants de la route que nous étions, certains ne se sont ainsi pas privés.
La population justement, parlons-en. D’abord, le séminaire est animé par deux personnes. Une dame de la sécurité routière et une psy. On est malade en même temps, c’est donc tout à fait normal qu’une psy s’attarde sur nos cas, pas vrai? Parmi l’auditorat, une vingtaine de personnes, d’horizon différent. De toute âge. De tout sexe. Seul point commun: à nous 20, on ne devait pas cumuler beaucoup de points sur nos permis respectifs. Moi avec mes 3 points, je pouvais faire le fier. Mon voisin de gauche avait 1 point, celui de droite… 0 point. Niqués! Mwahahaha. Il y avait des chauffeurs de taxi, des livreurs, des étudiants mais aussi un patron, un avocat et même… un ancien préfet responsable des retraits de permis dans sa préfecture. Il y a quand même une justice en ce bas monde. Mais ce n’est pas la cerise sur le gâteau. LA cerise, la suprise du chef du séminaire, c’est… le flic. Je précise: le flic infiltré. Et oui, tu as bien lu. On se croirait dans un polar mais c’est la réalité. C’est la loi. Dans chacune de ces réunions des déliquants de la route anonymes se cache un gentil policier, caché, infiltré, dont le rôle est de surveiller discrètement que tout se déroule dans les règles de l’art et qu’on mérite bien tous de rentrer chez nous après les deux jours. Sinon si un comportement anormal est décelé, j’imagine que c’est les poursuites pénales, la prison, enfin tu sais maintenant. Mine de rien, ça anime le séminaire. Mais qui est le gentil flic caché? Chacun s’épie discrètement, c’est sympathique.
Comme toute réunion de ce type, ça a commencé par un tour de table (qui aura quand même duré deux demi-journées) où chacun explique son histoire et comment il en est arrivé là, si-bas. Les histoires sont diverses. Entre les gens qui ne voient pas les feux rouges, les gens qui étaient légèrement en excès de vitesse, les gens avec un portable à la main 5 fois de suite en 6 mois (mwahahaha, la poisse), les histoires sont variées. Mais à en croire chacun, franchement, c’est pas de bol et ça se fait trop pas, les keufs, tous des vendus, et on m’a sacrifié sur l’autel de la sécurité routière parce que j’avais une sale gueule. Comme le résume si bien un de mes confrères du séminaire: “jy t’y jure, jamais d’accidents de ma vie. Ca s’y fait trop pas!”. Ca tournait un peu au lynchage de l’Etat mais desfois, ça fait du bien de se défouler librement (enfin, presque librement, n’oublions pas le flic infiltré). Après avoir détaillé nos histoires respectifs, hautement enrichissant pour tous, à n’en pas douter, on aura eu le droit à un petit cours (il n’y a pas d’autre mot) sur les dangers et causes d’accidents sur la route : le trio classique vitesse, alcool, drogue. Alors, oui, ce n’est pas bien d’aller vite en voiture. Oui ce n’est pas bien de boire avant de prendre la route. Oui, ce n’est pas bien de se droguer avant de prendre la route. Repeat after me.
Mais je suis médisant, car on aura bien rigolé durant ce séminaire. Il y avait un mec originaire de Turquie qui proposait un truc pas mal pour éviter les retraits de permis dû à des soldes de points nul: on n’a qu’à faire comme en Turquie, on file 100 points par permis. Moi je dis, en voilà une sacré bonne idée! Ou alors un automobiliste remonté contre les motards qui proposaient d’éradiquer les motos. Et encore une idée de génie ! Il y avait aussi un motard qui proposait de virer les cyclistes. Mais sacrebleu, encore une bonne idée! Bizarrement, il n’y avait aucun cycliste pour proposer de dégager les piétons.
Donc, à l’issue de ce brainstorming, nos propositions sont celles décrites ci-dessous:
Nous proposons d’octroyer un minimum de 100 points par permis. Les motos, cyclistes et piétons sont désormais interdits sur les routes. Le piéton qui veut traverser une rue, il n’a qu’à se creuser un tunnel et qu’il nous fasse pas chier. Les limitations de vitesse sont redressées, parce que franchement, 140km/h sur l’autoroute, qu’est-ce qu’on s’ennuie. Nous proposons donc de fixer les seuils à 160 km/h par temps ensoleillé sur l’autoroute. 140 quand il pleut. Comme nous sommes des élèves studieux, nous avons bien compris et assimilé que les principaux accidents se produisaient la nuit et sur les routes de campagne. Nous proposons donc d’instaurer un couvre feu automobile à partir de 20h. Pour les campagnes, nous proposons de les éradiquer. De toute manière, ça ne sert à rien. On a Paris, ça suffit non?
Proposition de loi, signée les délinquants de la route anonyme du séminaire du 06 mars MMIX, Paris XV.